La sentinelle : Chap 24

Bon, coller Zéphire et Maf’ au même endroit, cela fait des étincelles. Derek et Maf’ aussi d’ailleurs… mais pas le même genre d’étincelles ;p

La sentinelle – Chapitre 24 : Amour.

Plusieurs jours avaient passé. Maf’ était retournée à ses activités au campus. Zéphire et Deaton lui avaient expliqué leur décision de prendre le risque de la ramener. Elle savait que Zéphire la voyait dans les avenirs possibles, ces branches qui justement lui étaient obscures. Mais il ne pouvait rien lui dire, risquant de créer un paradoxe. Il ne pouvait l’aiguiller. Maf’ naviguait en aveugle sur ce coup-là. Ce qui lui était totalement étranger. Domaine inconnu, pour elle qui voyait habituellement ce qui risquait de se passer.

Pour faire le vide et se ressaisir, elle avait évité la meute en général et Derek en particulier. Elle était chamboulée par ce qui se passait entre eux. Ou plutôt ce qui ne se passait pas. Elle le revoyait la frapper violement. Quand elle repensait à ce jour, elle se disait qu’il était impossible que le loup se soit imprégné d’elle. Même si elle était responsable de la mort de Cora, jamais il n’aurait du pouvoir la frapper. L’imprégnation est un sentiment si fort, si profond que quoi qu’ait fait la personne, le loup est irrémédiablement attiré, pardonnant tout.

Puis, elle devait s’avouait qu’elle n’encaissait pas la réaction du loup quand il avait appris qu’elle et pot-de-colle ne faisait qu’un. Cela n’aurait pas dû compter à ses yeux. La jeune femme dut se secouer mentalement pour se concentrer sur son activité. Qui consistait pour l’heure dans la préparation du prochain TP de Harris.

Après les cours, la jeune femme sillonnait la ville en mode chat. Cherchant qui serait la prochaine cible de Lucius. Car si sa vision était amoindrie, elle voyait toujours le chaos comme possible et Derek en facteur d’équilibre. « Quel est mon rôle dans ce merdier ? » Pensait-elle.

Un nouvel kanima fit son apparition trois semaines plus tard. Dans la zone industrielle cette fois. Ce fut aussi la première fois où Maf’ et Derek se recroisèrent depuis la nuit où elle était revenue du monde de Lucius. Maf ‘ fut avertie par Zéphire qui avait donné son téléphone à la meute en cas d’urgence. Elle arriva donc sur les lieux en même temps que l’autre sentinelle. Les loups ne géraient toujours pas. Isaac et Erika étaient avachis sur le sol, paralysés. La meute accueillie l’arrivée des deux sentinelles avec un soulagement évident. Derek lança un regard assez triste en direction de la jeune femme. Il savait qu’elle l’évitait.

« – Zéph’, on essaye de le choper vivant ? Demanda Maf’.
– Ah, je pensais y aller bourrin moi !
– Ben si on pouvait lui faire cracher le morceau sur son maître.
– T’as vu sa tronche ? Ça ne parle pas une chose pareille !
– Toujours aussi crétin ! Je parlais de l’interroger quand il a sa forme humaine.
– Un kanima ne se souvient de rien.
– Tu le fais exprès, où cela t’amuse de m’agacer ?
– ???
– …
– Ah !
– Quand même !
– Désolé choupinette, mais je ne me souviens pas de tous tes diaboliques pouvoirs.
– Un je ne suis pas ta choupinette, et de deux mes pouvoirs n’ont rien de diaboliques !
– Euh dites ? Demanda Scott.
– Causes-en aux Atlantes, s’ils ne te trouvent pas diabolique !
– Je ne voudrais pas… Continua le jeune bêta.
– Ah oui ! Et rappelles-moi comment le conservateur de la bibliothèque d’Alexandrie t’a appelé quand tu as fait un joli feu de joie avec ses précieux papyrus ?
– Hey ! C’était un accident. Puis ils étaient ennuyeux à mourir ces papyrus.
– Maf’ ? Zéphire ? Faudrait vraiment…
– T’as juste cramé les écris authentique du nouveau testament, ennuyeux certes mais quand même !
– Je n’ai…
– MAF’ ! ZEPHIRE ! Hurla Scott.
– Quoi ? S’énerva Zéphire.
– Vous pouvez vous engueuler une autre fois ? Le kanima en a marre de vous écouter je crois…
– Tseuh ! C’est toujours pareil quand t’es dans le coin, ça dérape toujours…
– C’est ça, dis que c’est…
– Ca suffit bordel ! » S’énerva Scott.

Le jeune homme ne se serait jamais permis de crier face à de tels ainés. Mais il trouvait leur indiscipline face au danger totalement hors de propos. Les deux sentinelles ne risquaient probablement rien de la part du kanima. C’était autre chose quant aux loups. Maf’ se ressaisit et bondit. Quand elle retomba sue le dos du kanima, elle était entièrement transformée en panthère. Plantant ses puissantes griffes dans les épaules du kanima pour tenter de le maintenir au sol. Sa gueule de fauve l’empêchait de parler, mais Zéphire compris. Dans sa main droite des éclairs crépitaient. Il tendit le bras, une décharge de foudre s’élança sur le kanima. Mais celui-ci réussi à se libérer de la prise de la panthère. Les deux bêtes grognaient et feulaient. L’immobiliser sans le tuer n’allait pas être simple. Se tournant autour, un ballet commençait.

Derek assistait à la scène dans un état second. Il l’avait déjà vu une fois se métamorphoser une fois, d’animal à femme. Le changement dans l’autre sens et si fluide l’avait impressionné. Maf’ prenait un aspect sauvage, qui tout compte fait lui plaisait. Il regardait le déplacement de la panthère, appréciant sa fluidité, sa force. Elle était belle jusque dans sa forme animale. Il devait lui parler, s’excuser. Il ne pouvait plus la sentir loin de lui. Il revoyait la brève étreinte dans sa chambre, quand il l’avait suivi lors de son rencard avec Harris. Se rappelant le parfum de ses cheveux, son corps qui épousait le sien. Il revint à la réalité par un cri de douleur de la panthère. Le kanima avait réussi à la prendre à la gorge. Le monstre se prit une décharge électrique lancée par Zéphire. Il lâcha la gorge de la panthère. Mais étant appuyé dessus, lui transmis la décharge. Nouveau cri de douleur du fauve noir ébène. Maf’ se recula et se ramassa sur elle-même, haletante. La décharge avait brouillé ses sens et son équilibre. Le kanima dut le percevoir, il s’élança dans un ultime bond vers la panthère. Une nouvelle décharge le foudroya alors qu’il était en l’air. Il retomba, raide mort.

« – Maf’ ? Ça va ? Désolé ! »  Dit Zéphire, sincère.

Quand elle vu le kanima au sol, la panthère se laissa choir. Son cœur battait à un rythme irrégulier. Le choc électrique l’avait fait enter en fibrillation.

« – Maf’ ? Demanda Isaac ? Repends ta forme humaine non ?
– Non, dit Zéphire. Son anima a de meilleure disposition pour résister. »

Derek qui n’avait toujours pas dit un mot depuis que les deux sentinelles étaient arrivées s’avança.

« – Poussez-vous et laissez-lui de l’air. »

Ils lui obéirent. Le loup s’approcha doucement du félin et s’agenouilla contre son épaule. Délicatement, il prit la tête de la panthère, comme il l’avait souvent fait. Celle-ci avait le souffle court, luttant contre les battements anarchiques de son cœur.

« – Quand tu iras mieux, j’aimerai qu’on parle s’il te plait. »

La panthère sembla soupirer et s’appuya de tout son poids sur l’alpha. Il fallut un bon quart d’heure à Maf’ pour calmer les battements frénétiques. Quand elle redevint femme, elle était toujours dans les bras de Derek. Celui-ci l’aida à se relever.

« – Merci. Dit-elle.
– Maf’ , Désolé… Commença Zéphire.
– Ça va, ce n’est pas grave.
– Merci de ne pas me houspiller dessus. Reprit l’ancien dieu grec.
– Je ne te houspille jamais dessus ! »

A ce moment-là Scott leva les yeux au ciel. Ces deux-là étaient impossible ! Une ancienne déesse égyptienne, un dieu grec… le mélange était explosif ! Mais il était content de leur présence. Ils n’avaient pas pu neutraliser le kanima sans le tuer. Mais au moins personnes était grièvement blessé.

« – Bon l’amusement est fini pour ce soir, au pieu les mômes. » Dit Zéphire.

Un concert de protestation se leva, mais tous s’en retournèrent en direction de leur maison. Il ne restait plus que les deux sentinelles et Derek.

« – Bon le prochain, on y arrivera Maf’. On n’était pas prêt là. Dit Zéphire.
– Ouais. On a un peu improvisé.
– Ravi de me rebattre à tes côtés. Tu déménage toujours autant.
– T’essaye de te faire pardonner de m’avoir envoyé du 10 000 volts ?
– Un peu… Aller bonne soirée. »

Ni Maf’ ni Derek ne vit le petit sourire se dessiner sur les lèvres de Zéphire quand il se retourna. Il laissa les lignes des futurs se lever et sourit plus franchement. Les deux derniers sur les lieux, se jetaient des coups d’œil gênés. Attendant que l’autre se jette à l’eau. Ce fut Maf’ qui craqua.

« – Tu voulais me parler de quoi ?
– De… Euh on pourrait aller ailleurs qu’ici ? Je te raccompagne chez toi et on parle en chemin ?
– Ok cela me va. »

En silence, ils rejoignirent la camaro du loup. En voyant la voiture, peins de souvenir remontèrent à Maf’. Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.

« – Qu’est ce qui te fait sourire ?
– Ta voiture, cela me rappelle les motards qui étaient venus m’ennuyer quand tu étais parti chercher de l’essence et surtout ta tête de garçon désolé après. »

La remarque fit sourire le loup.

« – Ben tu avais surtout ta robe qui était remontée jusqu’à la taille et ton décolleté qui…Tu es aussi redoutable que les éclairs de Zéphire Maf’ ! »

La jeune femme rit franchement.

« – Je suis largement plus redoutable que ce faiseur d’étincelle ! Dit-elle dans un sourire.
– Je n’en doute pas. » Répondit le loup en démarrant.

Ils roulèrent un moment en silence. Ils allaient bientôt arriver chez elle.

« – Alors ? Demanda-t-elle.
– Alors, je ne sais pas par quel bout commencer !
– Le début ?
– Ce que j’ai à dire est aussi emmêlé que les pelotes de laine de Pot-de-colle au hangar…
– Elles sont parfaites mes pelotes… »

Nouveau sourire presque complice. Ils étaient devant l’appart de Maf’. La jeune femme descendit et referma la portière. Se dirigeant vers la porte d’entrée, elle se retourna. Derek n’était pas sorti, la regardant, ne sachant que faire.

« – Tu viens ? »

Le loup se mordit la lèvre et sortit. Rejoignant la jeune femme sur les marches.

« – Je trouve ridicule de causer dans la voiture juste devant chez moi. Et vu ton débit de paroles… on en a pour des siècles. »

Derek soupira en grimaçant. Clair, il n’était pas vraiment à l’aise.

« – Installe-toi, » dit la jeune femme en lui désignant le canapé.

Le loup obtempéra la regardant enlever ses chaussures et passer à la cuisine prendre deux cocas dans le frigo.

« – Je t’en devais une ». Fit-elle avec un clin d’œil.

Derek prit son courage à deux mains. Depuis que Zéphire les avait laissés seuls, il n’avait pas senti d’agressivité ou de réserve chez la jeune femme.

« – Je te demande pardon…
– Pour ?
– T’avoir frappée déjà…
– Tu as pu remarquer que j‘ai largement les capacités de me défendre contre toi. Tu as pu me toucher parce que je l’ai bien voulu. Donc tu n’as pas à t’excuser.
– Tu as encaissé pour que je me défoule !
– Tu avais besoin de te défouler.
– Pas contre toi !
– Si contre moi. J’ai tué Cora. Pardon de remuer ce triste passé… et…
– Et ?
– L’autre futur que j’avais aperçu à ce moment-là… Tu te suicidais.
– Maf’ … Je me sens si minable… Murmura le loup.
– Minable de quoi ? De souffrir parce que tu as de la peine ?
– Puis après que Deaton nous a parlé de ta… nature. Je t’ai regardé comme une…
– Bête ?
– Oui…
– J’en suis une.
– Cela t’a blessé ! »

Maf’ allait nier mais elle se rappela que le lycan s’en apercevrait immédiatement aux battements de son cœur. Elle se tut.

« – C’est d’autant plus cruel, que ce fameux soir après le restaurant, tu m’as accepté tel que j‘étais.
– C’est différent ! J’étais au courant pour toi, donc pas surprise. Contrairement à toi qui découvrais ce que j’étais. Je ne t’en veux pas.
– Tu mens…
– Oui… Je t’en veux… Ou plutôt je t’en voulais. Mon cœur dit que je mens là ?
– Non… Murmura le loup.
– Bon alors, on a réglé ce qui te tracassait ?
– Une partie.
– Le reste étant ?
– Je… Les battements de mon cœur te disent quoi là ?
– Que tu as un rythme bien trop élevé pour un alpha mâle adulte.
– …
– Et que si tu continues à me regarder ainsi… »

Derek se pencha vers la jeune femme qui était assise de l’autre côté du canapé. Avec ce geste il faisait la moitié du chemin qui les séparait. Laissant le choix. Il ne voulait pas refaire la même erreur que la dernière fois. Bien que son loup était prêt à sortir sous l’impulsion de son désir. Maf’ ferma les yeux quelque instants. Elle sentait toute l’aura du lycan tournée vers elle. Les phéromones qu’il exhalait. Un désir semblable au sien montait dans son ventre. C’était sauvage, puissant. Elle rouvrit les yeux se rapprochant du visage de Derek en feulant doucement. Quand leurs lèvres se rencontrèrent ce fut une coulée de lave contre une autre. Leurs langues se cherchaient, avides. Déjà les mains du loup enserraient les hanches de la jeune femme, la ramenant vers lui. Elle, lui tenant le visage des deux mains, s’assit à califourchon sur lui sans lâcher ses lèvres. Leurs vêtements volèrent, atterrissant un peu de partout. Ils firent l’amour avec passion et sauvagerie. Se mordillant, se griffant, s’embrassant. Bien plus tard, alors qu’ils étaient lovés l’un contre l’autre dans le lit de Maf’, elle brisa la quiétude qui s’était finalement installée après tant d’ardeur et de passion.

« – Qui es-tu Derek ? Murmura-t-elle ?
– Euh, ce n’est pas toi qui es sensée tout savoir ?
– Si… et là je ne sais rien, ne vois rien. Je n’ai pas l’habitude de naviguer à vue…
– Je fais ainsi depuis que je suis né.
– Je sais. Cela fait 50 siècles que je vois les avenirs. Ce black out soudain me perturbe.
– Pour cela que tu m’évitais ?
– Oui, je… voulais comprendre pourquoi je me retrouvais impliquée dans l’histoire. Je… suis immortelle Derek. M’impliquer dans la vie d’un mortel est… cruel. Cruel pour nous deux. Jour après jour je ne changerais pas, même si je pourrais me vieillir artificiellement. Mais tu sauras que je suis toujours aussi forte, jeune. Tu te sentiras frustré. Je vais te voir vieillir, t’affaiblir… mourir. »

Le jeune homme serra Maf’ un peu plus fort. Lui embrassant les cheveux.

« – Je t’aime Maf’. C’est une évidence qui s’impose à moi. Je comprends peu à peu toutes les implications. Mais mon loup te veut. Il t’a choisi. Je ne peux m’y soustraire. Et je n’ai pas envie de m’y soustraire. Je veux vivre avec toi, quoi que cela implique.
– Derek…
– Je veux des enfants de toi. Ce seront eux qui seront avec toi quand je… »

Maf’ ne répondit pas. Les sentinelles ne fondent pas de famille. Cela ne s’était jamais vu. A ce moment-là, elle aurait donné chère pour être une simple mortelle.