Toi & Moi : Chap 13 – Retrouvailles

Retrouvailles

La nuit avait fini par tomber. Leur feu de détresse n’était plus qu’un amas rougeoyant, inutile. Scott alimentait le feu à l’entrée de la grotte de façon à économiser le bois. Il fallait quand même réchauffer l’air pour Stiles et faire un peu de lumière pour discerner l’ours qui les guettait en bas. La danse des flammes produisait des ombres inquiétantes. L’ours en semblait que plus monstrueux. Combien de temps cet animal allait-il les acculer ainsi ? Ils avaient mangé un repas frugal. Puis s’étaient fixé un tour de garde à trois. Stiles avait bien protesté, mais s’était endormi comme une masse dix minutes après. Le front plus brulant que jamais. Il s’enfonçait dans des rêves où se mélangeaient des ébats fougueux avec Derek et des combats sanglants avec des ours immenses. Derek… Stiles prononçait inlassablement son nom.

***

Derek et Stiles

Après les cours, Stiles fonçait au manoir des Hale. Le loup l’attendait toujours sur le pas de la porte, l’entendant arriver de loin. Toujours le même rituel. Celui d’un long baiser avant d’entrer. Seulement après, l’ado avait le droit de parler et d’inonder le lycan de ses blablas incessants. Derek avait développé une technique pour faire taire son si volubile compagnon. Il lui donnait à manger. Bouchée par bouchée, il lui enfournait des morceaux de brioches, ponctué de bisous. Nourrissant son louveteau. Le dit louveteau qui certains soirs était si affamé, qu’il se jetait sur le loup espérant voler la brioche entière. Cela finissait généralement en mini bagarre de chatouilles pour la plus grande joie des deux compères. Peter râlait souvent quand ils les trouvaient plus ou moins emmêlés dans le canapé avec des miettes de partout.

« – Stiles ! Tes mauvaises habitudes déteignent sur mon neveu. C’est inadmissible ! »

L’oncle grognait comme un vieux loup. Mais il était heureux de voir le bonheur du fils de sa sœur. L’expression de Derek affichait le bonheur à l’état pur. Stiles ronronnait presque sur le torse de son amoureux. Il aimait sentir les bras de son loup autour de lui. Et surtout, il n’y avait que dans ses moments-là que le lycan tombait le masque. L’hyperactif fit glisser sa main vers le flanc du jeune Hale. Essayant de chatouiller à nouveau le lycan. Celui-ci grogna. Stiles poursuivit. Le loup grogna plus fort. Stiles gloussait et continuait son manège.

« – Stiles ! »

Chatouille, rires… Grognements. Ceux-ci se firent plus forts.

***

« – Stiles réveille-toi !
– Hein ? Quoi ? Dit celui-ci perdu.»

Il était totalement déboussolé. Ne sachant plus où il se trouvait. La seule chose constante dans sa tête, était le bruit de puissants grognements. Puis la mémoire lui revint, froide et brutale. Ils étaient perdus, acculés dans une grotte, coincés par un ours. Mais ? Ces grognements ?

«  Stiles ! Repris Danny.
– Que ce passe-t-il ?
– Aller, assis-toi. Dit Danny souriant, nullement inquiété par les grognements furieux qui venaient du dehors.
– Mais… C’est…
– Oui ! C’est Derek. Il est en train de mettre une raclée à l’ours.
– Derek !? Il est là ? »

Des larmes de joie et de soulagement vinrent perler sur les joues de l’adolescent. Son cœur se mit à battre à la chamade. Derek… enfin ! Comme si le loup avait senti le changement de rythme du cœur de son compagnon, sa silhouette s’encadra à contrejour, à l’entrée de la grotte. D’un bond, il fut auprès de Stiles, le prenant dans ses bras. Plongeant ses lèvres dans son cou en murmurant des mots doux. Déjà ses veines noircissaient, pompant la maladie de son amoureux.

Stiles

« – Bon sang, tu es brulant de fièvre !
– Tu m’as manqué ! Dit Stiles dans un murmure.
– A moi aussi chaton. J’ai cru devenir fou quand vous n’êtes pas arrivés hier soir…
– Je… J’ai cru que je ne te reverrais jamais. »

L’émotion était trop forte pour le jeune homme. Il était si épuisé physiquement et mentalement qu’il craqua et éclata en sanglot. Il s’accrochait de toutes ses forces au lycan. Ses épaules se secouaient en saccades. Le loup lui frottait doucement le dos et épongeait ses larmes avec ses baisers.

« Chut ! Calme toi, je suis là maintenant. Tu n’as plus rien à craindre.
– … Je suis si faible… Pas pu aider Scott quand on s’est fait attaquer à l’autre campement…
– Scott va bien, ne t’inquiète pas. Personne ne te demande quoi que ce soit.
– Mais… »

Derek le fit taire en l’embrassant tendrement. Sa langue explorait doucement le bord de la bouche de l’adolescent. Celui-ci était toujours brulant. Finalement, le jeune Hale s’assit à côté de lui et le prit contre lui, l’entourant de son duvet. Les autres qui étaient restés éloignés pour permettre ces retrouvailles en toutes discrétions, se rapprochèrent.

« – Comment tu nous as retrouvé ? Demanda Scott. Les autorités nous cherchent au moins ?
– Oui, ils vous cherchent. Mais ils sont tombés sur l’autre groupe. »

Derek raconta alors comment cela s’était passé de son côté. Les familles avaient alerté les autorités la veille au soir vers vingt-trois heures, quand elles ne virent pas arriver le bus. Le temps que tout se mette en place, il était déjà six heures du matin. Derek n’avait pas attendu et avait directement foncé jusqu’au refuge où ils auraient dû aller. Il y était vers trois heures du matin. Ensuite, il avait tourné en cercles concentriques pour les chercher. Il avait trouvé l’autre groupe pratiquement en même temps que les rangers sur les coups de onze heures du matin. Et prit le soin de ne pas se montrer, évitant l’embarra de devoir expliquer sa présence. En ayant écouté de loin les explications de Finstock, il en avait déduit un itinéraire approximatif. Les rangers, eux avaient décidé de refaire le chemin du groupe du coach en sens inverse, puis de prendre l’itinéraire présumé des quatre ados. Perte de temps inacceptable pour l’alpha.

« – En chemin, j’ai fini par sentir votre feu. En fait, vos deux groupes ont marché dans des directions totalement opposées. Ensuite, j’ai senti la présence de l’ours. J’ai eu si peur que l’un de vous… »

En disant cela, Derek serra Stiles un peu plus fort. Le temps de quelques instants, il s’était imaginé le pire. Mais avait été rassuré d’entendre quatre cœurs battre en plus de celui de l’ours. L’animal avait fait les frais de presque vingt heures d’angoisse de la part du lycan. Il avait eu si peur de ne jamais revoir l’adolescent, si peur qu’il lui soit arrivé le pire. Il posa son menton sur la tête de Stiles, l’entourant toujours de ses bras. Pour une fois, il n’avait aucune pudeur d’exprimer ses sentiments devant les autres.

« – On attend que le jour se lève et je vous ramène au refuge.
– Et les secours ? Demanda Isaac.
– Vu le chemin qu’ils ont pris, ils ne seront pas là avant demain soir et encore ! Ils ont des radios. Ils seront avertis que vous être sauvés.
– En tout cas, je suis ravi de te voir. Dit Scott. On est épuisé, je ne pense pas qu’avec Isaac on aurait géré celui-ci d’ours.
– Vous avez déjà été attaqué ? » Demanda Derek.

Les garçons lui racontèrent à leur tour leur périple. Le premier ours qui les avait coursés, le deuxième qui les avait surpris en pleine nuit. La chasse et la cueillette. L’organisation, la répartition des rôles de chacun. Puis Stiles qui avait sombré dans le sommeil vaincu par la fièvre. Le lycan se sentait fier de ses amis. Ils avaient bien gérés, s’étaient serrés les coudes. Ils avaient été courageux. Stiles s’était endormi le dos bien calé contre lui. Danny expliqua que c’est l’hyperactif qui avait organisé l’installation et n’avait pas chômé, taisant sa fatigue et la fièvre qui le guettait. Pour ne pas inquiéter ses amis, pour ne pas se plaindre non plus. Le loup reconnaissait bien là, l’abnégation de son amoureux. Penser aux autres avant de penser à lui-même. Ils s’installèrent pour leur dernière nuit en extérieur. Scott se sentit un peu gêné de se retrouver coincé entre deux couples enlacés. Allison lui manquait. Il aurait bien plongé son nez dans sa chevelure qui sentait si bon.

Stiles et Derek

Derek dormit peu. Il écoutait le cœur et la respiration de Stiles. Il était si soulagé de l’avoir retrouvé. La nuit et la journée de la veille, lui avait paru un vrai calvaire. Son Stiles, perdu en pleine nature hostile ! Il s’en voulait d’avoir été si désinvolte avec le jeune homme, une semaine auparavant. Pensant qu’ils auraient tout le temps. Le temps de s’installer en tant que couple. Le temps d’admettre qu’il pouvait lâcher son cœur, se confier entièrement à Stiles. Le temps de lui montrer son affection en dehors de leur intimité. De… lui faire l’amour. Non que Stiles ne soit pas prêt. C’était lui qui ne l’était pas. Au-delà de l’excuse du fait qu’il soit mineur, il avait peur de le blesser, de se blesser si cette relation devait tourner court. Derek n’était pas spécialement chaste ou prude. Il avait déjà eu des relations sexuelles sans avoir tourné longtemps autour du pot. Seulement avec Stiles s’était différent. Il l’aimait et cela faisait toute la différence. Au-delà du plaisir physique. Et dieu sait qu’il avait envie de Stiles, de son corps. Combien de fois déjà, avait-il failli craquer, céder à ses pulsions de vouloir le faire sien ? Non, pour le loup, faire l’amour avec le jeune homme était lourd de signification. Il ne lui prendrait pas sa virginité à la légère. N’étant lui-même plus vierge depuis longtemps, cette première fois avec lui, serait malgré tout comme un acte sacré. Cela impliquerait pour lui d’avoir accepté beaucoup de choses. Accepter de vivre cette relation au plein jour. Accepter le regard de ses bêtas, celui du Sheriff… D’avoir leur assentiment aussi. Il ne voulait pas prendre Stiles de son milieu, ni le couper de son unique famille. Le jeune homme avait du mal avec son père. Peur de le décevoir. Derek savait que l’avis du sheriff comptait beaucoup pour l’adolescent. Il leur fallait du temps. Mais, cette aventure qui venait d’arriver à celui qu’il aimait et qui aurait pu très mal finir, brusquait le cours paisible de l’évolution de leur amour. Il ne voulait pas que l’un d’eux disparaisse avant qu’ils aient bouclé la boucle et finalisé leur union. Il s’en serait voulu à jamais, si Stiles avait dû disparaitre sans connaitre l’acte d’amour avec celui qu’il aimait. Tout ça, parce qu’il se refusait pour des raisons morales. Il comprenait aussi que la vision de Stiles soit un peu différente de la sienne. L’humain était fragile, il n’avait pas les capacités du loup. Il voyait forcement la vie différemment d’un lycan ayant une force et une résistance hors du commun. Celui-ci se promit d’en tenir compte.

Derek serra ses bras autour du garçon. Il était toujours bouillant. Ils partiraient tôt le lendemain. Les deux autres loups se relaieraient pour porter Danny. Ils arriveraient ainsi assez rapidement au refuge. L’alpha savait qu’une antenne médicale avait été installée pour réceptionner les jeunes gens.

Le matin pointa ses premières lumières blafardes. Isaac et Danny avaient fait réchauffer le reste de nourriture qui leur restait. Derek donna lui-même à manger à Stiles. Malgré la fièvre, l’adolescent apprécia ce moment. Surtout que le loup lui faisait plein de gestes tendres et cela devant les trois autres. Le fait qu’Isaac et Danny soient en couple aidait largement l’alpha à extérioriser ses sentiments.

Stiles

Ils se mirent en route dès que chacun fut restauré. Pour aller plus vite, Isaac porta Danny sur son dos et Derek avait Stiles dans les bras, emmitouflé dans son duvet. Suivant l’alpha, ils mirent deux heures pour rejoindre les abords du refuge. Scott et Isaac s’étaient relayés pour porter Danny. Le jeune homme aurait pu marcher. Mais ils auraient mis plus de temps et Derek ne voulait pas que Stiles attende trop les soins. Arrivés à cent mètres du refuge, ils s’arrêtèrent à l’abri des regards dans un fourré. Ils avaient convenus que Derek ne se montrerait pas, ne voulant pas devoir expliquer comment le jeune homme avait retrouvé seul ses amis. Il posa doucement Stiles sur le sol et le serra dans ses bras. Ils allaient de nouveau être séparés. Mais le garçon avait besoin de soin. Alors que le loup le regardait tendrement, Stiles se hissa sur la pointe des pieds attrapant les lèvres de son amoureux. Celui-ci lui répondit par un baiser enflammé, sous les regards attendris des deux bêtas et de Danny. A leur yeux, l’alpha ne perdait pas de son prestige en montrant ainsi les sentiments qui le liaient à l’Hyperactif. Il était temps que le lycan le comprenne. Dans un ultime bisou, il poussa Stiles vers le refuge.

« – Je t’aime chaton, je viendrai te voir dès que possible. »

Les quatre garçons s’avancèrent vers le refuge, vers la civilisation enfin. Scott et Isaac soutenait leur ami qui claquait des dents. Ne plus être en contact avec Derek lui avait donné des frissons. Ils furent accueilli par des cris de soulagements Et immédiatement prit en charge par la cellule de soin. Le reste du groupe était rentré la veille au soir. Certains d’entre eux avaient fini à l’hôpital pour hypothermie, mais plus par sécurité que pour la gravité de leur état. De tous les jeunes, ce fut Stiles qui était le plus mal en point. Il souffrait d’une déshydratation sévère et son état justifia qu’il fût évacué par hélicoptère. Les garçons s’étaient mis d’accord sur la version qu’ils donneraient aux rangers. Passant sous silence les attaques du deuxième et troisième ours, expliquant leurs chemises lacérées par des branches, en fuyant le premier ours. Ils racontèrent qu’ils avaient chassé, omettant de dire comment…

A l’arrivé de l’hélicoptère sur l’héliport de l’hôpital, le sheriff Stilinski se précipita sur le brancard où se trouvait son fils. Voulant s’assurer que celui-ci allait bien. Il fut rassuré quand il le vit lui faire un pâle sourire, son visage encadré de couverture de survie.

« – J’ai eu si peur de te perdre fiston !
– Je n’étais pas seul, Pa’. Croassa Stiles.

Le sheriff s’écarta, laissant l’équipe de soin prendre en charge son fils. En ce lundi, sept jour après le début de cette randonnée, à dix heures du matin, Stiles reprenait contact avec les urgences. A croire qu’il y avait un abonnement !